Denise Lioté, née le dans 10e arrondissement de Paris et décédée le au même endroit, est une artiste-peintre française, dont l'œuvre évolue du figuratif allusif vers l'abstraction lyrique. Inspirée essentiellement par les éléments naturels au départ, son œuvre est marquée par une inexorable quête spirituelle, qui se focalisera sur une exploration de la lumière, menée jusqu'à son dernier jour.
Biographie
Née à Paris en 1925, Denise Lioté commence sa formation artistique à l’âge de 19 ans en intégrant l’École des Beaux-Arts de Paris, puis l’École Nationale des Arts Décoratifs. Fascinée par Paul Cézanne, qu’elle étudie en profondeur, elle s’inspire également d’autres grands maîtres comme Pierre Bonnard, Fernand Léger, Georges Braque et Édouard Pignon, qu’elle rencontre ou dont elle visite les ateliers grâce à son travail d’interprète pour un journaliste américain.
Les jeunes années
Dans les années 1950, sa découverte des œuvres de Maria Helena Vieira da Silva et Nicolas de Staël oriente ses recherches vers une peinture figurative suggestive, explorant des thèmes urbains comme les villes et les chantiers. Les structures sont omniprésentes, la matière est dense, vive, très contrastée. Elle expose aux côtés d'artistes reconnus en 1959 à la Galerie Bellechasse à Paris (« Nouvelles cantates de Théo Kerg et groupe de mai »).
À partir des années 1960, son style évolue : elle s’intéresse aux quatre éléments (eau, feu, terre, air), peignant des compositions de plus en plus vastes et abstraites. Elle se concentre sur des représentations inspirées des racines et souches d'arbres, et expose dans plusieurs villes européennes, dont Paris, Bruxelles, Nancy et Le Havre. Influencée par la pensée poétique de Gaston Bachelard, sa rencontre en 1968 avec le peintre Léon Zack marque un tournant, l’encourageant à s’ouvrir à une expression picturale et spirituelle plus libre.
Les grands espaces
En 1970, ses séjours aux États-Unis et au Canada, notamment à Montréal et New York, enrichissent son inspiration. Encouragée par le peintre Julian E. Levi, elle participe à des expositions, dont une au Museum Cultural Center de New York et une autre au Salon de l'American Academy of Arts. En 1972, de retour des USA, elle expose à la Galerie Christiane Colin, où elle est remarquée par le critique d'art Henry Galy-Carles.
Durant les années 1980, Denise Lioté continue d’approfondir les influences qu’elle a intégrées dans les décennies précédentes, notamment celles de Léon Zack. Se liant d'amitié avec sa fille Irène Zack et Vera Pagava, elle explore une peinture méditative et transparente, intégrant des structures géométriques et aériennes. Elle expose plusieurs toiles en 1987 avec ces deux artistes chez Renée Moineau aux côtés du sculpteur Gérard Lardeur. Ensuite, elle continue d'explorer les éléments, mais avec une liberté accrue dans les compositions, où les formes géométriques et les lignes commencent à s’effacer au profit de mouvements plus fluides.
Vers une abstraction totale
Au début des années 1990, Denise Lioté franchit un cap décisif : son art devient pleinement abstrait, de plus en plus introspectif. Ses tableaux jouent sur des contrastes subtils entre couleurs chaudes et froides, souvent appliquées en glacis délicats. Cette technique lui permet de superposer des couches transparentes pour révéler des jeux de lumière et de profondeur, donnant ainsi une impression de vibration ou de mouvement suspendu.
Cette évolution est influencée par sa lecture de Vassily Kandinsky, dont elle admire la théorisation de l’abstraction, et par les réflexions cosmiques d’Hubert Reeves, qui résonnent avec sa fascination pour l’univers et l'astrophysique. où elle présente des toiles de grand format qui témoignent de son ambition d’exprimer l’immensité et le cosmos. Elle expose à nouveau aux côtés de Gérard Lardeur chez Paul Bigo en 1994.
En 1996, elle participe au 50e anniversaire de l'École de Paris (1954-1975), dont les commissaires d'exposition sont Henry Galy-Carles et Lydia Harambourg. Tous deux intéressés connaissent très bien le travail de Denise Lioté, et lui auront consacré diverses critiques témoignant de l'évolution de sa peinture dans diverses revues à des époques très différentes.
Henry Galy-Carles l'ayant repérée dès ses débuts en 1964 (revue Aujourd'hui), il en a observé les premiers changements également en 1972 (Les Lettres Françaises). Lydia Harambourg quant à elle continue de la suivre ultérieurement, entre autres en 2006 alors qu'elle devient elle-même correspondante de l'Académie des beaux-arts de l'Institut de France dans la section Peinture. Denise Lioté expose alors à la Galerie MBH située à cette époque rue de l'Arbalète (Paris 5è), puis sera à nouveau mise en lumière dans La Gazette de l'Hôtel Drouot par Lydia Harambourg en 2008 lors de son exposition partagée avec Joan Pala, à la galerie Gimpel-Müller .
Raffinement et continuité
Dans les années 2000, Denise Lioté poursuit son exploration de l’abstraction avec une constance quotidienne, approfondissant les thèmes qui lui sont chers : la lumière, l’espace, et une quête spirituelle qui transcende le visible. Ses toiles de cette période se distinguent par une palette souvent plus épurée, où dominent des tons subtils – blancs, gris, bleus profonds ou ocres – toujours appliqués en glacis délicats. Cette technique, qu’elle maîtrise depuis longtemps, atteint une forme de perfection, créant des œuvres qui semblent vibrer ou respirer, soumises uniquement aux variations provoquées par les changements de lumière naturelle là où elles sont exposées.
Elle continue d’exposer dans des galeries parisiennes qui auront à cœur de soutenir son travail au fil des ans, comme la Galerie Mireille Batut d’Haussy, la Galerie Gimpel-Müller ou d’autres espaces dédiés à l’art abstrait.
Fin de carrière et héritage
Les années 2000 marquent aussi un ralentissement progressif de sa production, lié à son âge avancé. Cependant, elle reste fidèle à sa vision jusqu’à la fin. Ses dernières œuvres témoignent d’une sérénité et d’une maîtrise technique qui synthétisent son parcours : une peinture à l'image de l'ascétisme qu'elle pratique depuis de nombreuses années. Elle ne cherche plus à prouver, mais à être, dans une simplicité profonde et une ouverture absolue vers l’universel.
Denise Lioté s’éteint en janvier 2018, laissant derrière elle un corpus artistique cohérent et personnel, Son œuvre, bien qu’elle ne s’inscrive pas dans les courants dominants de l’art contemporain de l’époque (comme l’art numérique ou les installations), aura trouvé un public parmi les amateurs d’une abstraction lyrique et introspective profonde, consolidant son identité d’artiste inspirée par les mystères de la lumière et de la transcendance.
Le vitrail, une facette méconnue
Dans les années 1950, la jeune artiste s'initie à l'art du vitrail dans les ateliers de Max Ingrand. Pendant une vingtaine d'années, en parallèle de sa création picturale, elle produit différentes séries de vitraux à destination d'églises et de chapelles, en association avec le maître-verrier normand Victor Cot-Dézande, notamment à Gueutteville-les-Grès (76).
Ces nombreuses créations, dont l'artiste parlera peu par la suite, témoignent pourtant elles aussi d'une évolution en plusieurs étapes, par l'exploration de nombreuses formes en totale synchronisation avec son époque. L'une de ces étapes, vers l'abstraction géométrique, est remarquée dès 1957 dans la revue Art Chrétien "les artistes" p.44 - 1957.
Cette récente découverte est due aux recherches menées par Martine Sautory, historienne et conférencière spécialisée en art sacré. Une exposition mettant en lumière quelques-uns des vitraux recensés aux côtés d’œuvres retraçant le parcours pictural de Denise Lioté, est prévue en avril 2025 à la Galerie du Collectif du Printemps Des Arts, en Bretagne.
Le gemmail, un art hors-normes
À la même période, Denise Lioté a également participé au renouveau de l'art du gemmail dans l'atelier de Roland Malherbe, un art initié par Jean Crotti et son père Roger Malherbe-Navarre. Les tableaux sont constitués de verres colorés juxtaposés et/ou superposés, donnant épaisseur et relief à l'œuvre pouvant aller jusqu'à cinq, voire sept centimètres d'épaisseur. La lumière traversant ces multiples couches de verre par l'arrière, c'est elle qui joue le rôle de révélateur, de la même façon qu'à travers un vitrail, mais sans aucun usage du plomb.
De mars à juin 1956, elle fait partie des jeunes créateurs exposant au moins une œuvre aux côtés de celles signées par Braque et Picasso à la Galerie d'Art de la Lumière, à Paris. Cette exposition intitulée "les Gemmaux de France" rend un hommage particulier à Jean Crotti. L'année suivante, un grand chantier est lancé pour décorer les quais de la station de métro parisien Franklin D. Roosevelt (anciennement Marbeuf) de ces gemmaux. Ils y resteront jusqu'à sa rénovation en 2007.
Expositions
Expositions collectives
- 1953 . . . Salon de l'Art Sacré (Paris) vitraux
- 1955 . . . Salon de l'Art Sacré (Paris) vitraux
- 1957 . . . Musée des Beaux-Arts (Rouen)
- 1959 . . . Galerie Bellechasse (Paris)
- 1961 . . . Groupe "Art Témoin" (Paris)
- 1965 . . . Galerie Georges Bongers (Paris)
- 1965 . . . Maison de la Culture (Le Havre)
- 1967 . . . Ateliers culturels (Nancy)
- 1970 . . . American Academy of Arts & Letters (New York)[1]
- 1971 . . . Art Museum Cultural Center (New York)
- 1978 . . . Exposition "Dialogue UNESCO" (Paris)
- 1983 . . . "Thérèse d'Avila" Musée du Luxembourg (Paris)
- 1985 . . . Galerie Olivier Nouvellet (Paris)
- 1987 . . . G. Lardeur, D.Lioté, V.Pagava et I.Zack c/o Renée Moineau (Paris)
- 1989 . . . "Peintres de la Lumière" (Abbatiale de Bernay)
- 1993 . . . G. Lardeur et D.Lioté chez Paul Bigo
- 1993-94. Galerie Véronique Smagghe (Paris)
- 1996 . . . Ecole de Paris 1945-1975 UNESCO (Paris)
- 1997-98. Galerie Hélène de Roquefeuil (Paris)
- 1999 . . . Galerie Olivier Nouvellet - (Paris) Carte blanche à G.Coppel
- 2005-06. Galerie Guillaume (Paris)
- 2008 . . . Galerie Gimpel-Müller (Paris) avec Joan Palà.
- 2010 . . . Galerie Gimpel-Müller (Paris) "lumières en hiver" avec Krochka.
- 2011 . . . Fest.Juventus (Cambrai) Carte blanche à Eva-Maria Fruhtrunk
- 2011 . . . Galerie O. Nouvellet - (Paris) Carte blanche à Eva-Maria Fruhtrunk
- 2011 . . . Galerie Gimpel-Müller (Paris) "Intérieur - Variations"
- 2012 . . . Galerie Gimpel-Müller (Paris) "Drawing Now - Noirs et blancs".
- 2015 . . . Galerie Gimpel-Müller (Paris) "Quête de Lumière" (Carte blanche)
- 2019 . . . Galerie Gimpel-Müller (Paris) Hommage à Denise Lioté
- 2023 . . . Galerie Gimpel-Müller (Paris) "Abstractions au féminin".
Expositions personnelles
- 1963 . . . Galerie Dumay (Paris)
- 1963 . . . La Madeleine (Bruxelles)
- 1966 . . . Galerie Dumay (Paris)
- 1972 . . . Galerie Christiane Colin (Paris)
- 1973 . . . Maison Française (New York University)
- 1974 . . . International House (Paris)[2]
- 1976 . . . Galerie Christiane Colin (Paris)
- 1981 . . . Walter et Patricia Wells (Paris)
- 1983 . . . Galerie Darial (Paris)
- 1993-94. Galerie d' Art de l'Hôtel Astra (Paris)
- 1999 . . . Maison Mansart (Paris)
- 2001 . . . Galerie Mireille Batut d'Haussy (Paris)
- 2004 . . . Galerie Mireille Batut d’Haussy (Paris)[3]
- 2006 . . . Galerie Mireille Batut d’Haussy (Paris)
- 2009 . . . Galerie Mireille Batut d’Haussy (Dol de Bretagne)
Autres lieux
- Salon des réalités nouvelles (Paris) - de 1987 à 2011
- aCross'16 "Emergence - aux Confins du Sensible" - Château de Plaisir (78) Exposition "Inframince" avec Jacques Pourcher.
- aCross'17 "Mouvement - Pensée Expériences Modèles" - C. Culturel Tchèque (Paris) Exposition "Les Affinités Silencieuses" avec Eve Gramatzki, Krochka
Décès et conservation de l'oeuvre
Denise Lioté décède le 29 janvier 2018 à Paris. Ses cendres sont dispersées le 27 février 2018 au Cimetière du Père-Lachaise. Diverses parutions ont été produites dans la presse à l'initiative de sa famille. L'association Denise Lioté & friends a ensuite été créée, avec pour but de préserver l’œuvre, et pérenniser le nom de l'artiste.
Une première exposition lui rendant hommage en Bretagne a été organisée en 2019 à la Maison du Livre de Bécherel en présence de l'écrivaine et essayiste québécoise Louise Warren qui a lu des extraits de ses textes dédiés à l'artiste. En avril 2025, une exposition célébrant les 100 ans de la naissance de Denise Lioté est prévue en Bretagne, en collaboration avec le Collectif du Printemps des Arts de Bazouges-la-Pérouse. La création d'une galerie permettant de côtoyer son œuvre le plus largement possible, est envisagée.
Bibliographie
Denise Lioté apparaît dans plusieurs ouvrages.
- "Denise Lioté, paysagiste des espaces inconnus" - Éditions l'Oeil du Griffon - 1994. Un supplément a été ajouté en 2004.
- "La forme et le Deuil"[4] - Archives du Lac - de Louise Warren - Éditions de l'Hexagone - 2008
- "Denise Lioté" - Éditions Galerie Gimpel-Müller - 2010
Revues - Presse
- Art Absolument - numéro spécial publié à l’occasion de l'exposition "L'Art au défi de l'espérance", du 17 janvier au 2 février 2013, à la mairie du VIe arrondissement de Paris.
- La Gazette de l'Hôtel Drouot - articles pour les expositions de 2004, 2006.[5]
- Le Monde - rubrique "Le poète parle" par Jean-Marie Dunoyer - 29 mai 1976.
Références
Liens externes
- Site officiel
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Bénézit
- Delarge
- RKDartists
- Artiste Denise Lioté sur Artnet
- [6]
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